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Retour sur le Congrès de la FQM 2024

  • Marc Jeannotte
  • Publié le 23 octobre 2024

Au retour de mes vacances estivales, j’ai eu le privilège d’être invité par la Fédération québécoise des municipalités à participer à un panel d’échanges sur une question centrale.

En tant que décideurs municipaux, comment aller de l’avant dans les différentes étapes d’élaboration et de réalisation d’un projet et prendre des décisions en toute légitimité ?

 

Le développement de projets d’énergie renouvelable sera un des dossiers les plus importants ces prochaines années. Dans les débats qui animent les communautés où prennent part plusieurs intervenants, il n’y a pas de définition commune de l’acceptabilité sociale. Pourtant, tous s’y réfèrent.

Retour sur le Congrès de la FQM 2024

Question particulièrement importante. Absolument, je veux participer, merci !

Le 27 septembre dernier, au dernier jour du congrès, j’ai donc partagé la scène avec Antoine Tardif, maire de Victoriaville et premier vice-président de la FQM, Michel Lagacé, préfet de la MRC de Rivière-du-Loup et Rick Lavergne, directeur général de la MRC des Appalaches pour discuter de l’acceptabilité sociale des projets éoliens. 

Les trois avaient des expériences concrètes, bonnes et mauvaises, à partager à un auditoire composé de décideurs municipaux. De mon côté, je contribuais à l’échange avec mes 10 années d’expériences en consultation sur une diversité de sujets, mais aucune sur des projets éoliens !  

J’arrivais donc avec un avertissement à la salle. Si les apprentissages des dernières années à Votepour.ca et notre expertise pouvaient être utiles, sans aucun doute, je restais bien conscient que leurs expériences concrètes avec les projets éoliens étaient une source d’apprentissage pour nous également. J’étais également là pour apprendre. Ces hommes avaient d’importants apprentissages à partager.

Autre avertissement : des grandes notions et bonnes pratiques pour favoriser l’acceptabilité sociale que je présentais, je ne fournissais que des ingrédients, pas une recette infaillible. 

Construire l’acceptabilité sociale, ou toute forme de décision «légitime», demande plus qu’une recette. La séquence des actions envers la population, la confiance dans les décideurs et le passé d’une communauté, l’importance des impacts et des bénéfices des projets et, surtout, la capacité à l’équipe municipale à porter des consultations, sont toutes des variables qui influencent l’acceptabilité sociale. 

J’ai adoré les présentations de mes collègues de panel, les échanges avec la salle et les nombreux questionnements soulevés, notamment par le Maire de Saint-Basile-le-Grand.

Comment aller de l’avant avec des décisions légitimes ?

Donc, avec le recul des dernières semaines, en repensant aux différentes contributions des panélistes, comment je réponds à la question : Comment aller de l’avant dans les différentes étapes d’élaboration et de réalisation d’un projet et prendre des décisions en toute légitimité ? Question si simple après tout…

Je vous propose mon effort pour présenter une réponse utile, tout en maintenant la perspective de l’acceptabilité sociale.

Mais commençons d’abord à l’inverse. Qu’est-ce qui ne génère pas de l’acceptabilité sociale ? 

  • S’imaginer que l’acceptabilité sociale se mesure. Ce n’est pas un référendum 50%+1, un sondage d’opinion ou l’absence d’opposition lors d’une soirée de consultation publique qui nous indique si nous avons l’acceptabilité ou pas. Elle ne se mesure pas, car c’est une notion fluide. Un jour, on pense l’avoir et l’autre, on sent bien qu’on l’a perdu.
  • Croire que l’acceptabilité sociale est binaire, on l’a ou on ne l’a pas. 
  • Sous-estimer la légitimité entre les mains des opposants (perçus, potentiels ou réels). On peut croire les bonnes intentions et retombées entourant un projet, mais il est aussi possible que d’autres arguments ont plus de poids dans une population. 
  • Croire qu’il faut absolument présenter un projet concret pour consulter sa population. Au contraire, consulter sur un projet trop défini nuit à l’acceptabilité sociale. Personne n’aime être devant un fait accompli, ou du moins avoir l’impression de l’être.
  • S’en tenir aux exigences minimales de la loi qui nous régit. Une ou deux assemblées de consultation, annoncées deux ou trois semaines d’avance, ou des dépôts de mémoires et d’avis écrits, ne sont pas suffisants pour construire l’acceptabilité sociale, ou même les bonnes pratiques de participation publique. 

Une fois ces anti-réponses données, comment prendre des décisions légitimes, ou socialement acceptables ?

  • Adopter une posture d’écoute de la part des décideurs, maires et mairesses, mais aussi des dirigeants municipaux et promoteurs. Entrer dans un dialogue avec la population demande une écoute, exige de poser des questions et de reconnaître la diversité des points de vue, des expériences et des perceptions. Consulter la population n’est pas une joute à défendre des projets.
  • Consulter la population le plus en amont des projets offre une perspective unique, un espace propice pour dialoguer avec elle, surtout avec celle qui sera la plus impactée par ces projets. Prendre ce recul permet de définir avec elle des conditions importantes que les projets devront respecter pour être «acceptables». 
  • Être conscient.e de l’importance d’offrir une information complète et vulgarisée sur les projets. Je répète, vulgarisée! C’est souvent le morceau qu’on oublie. 
  • Favoriser la diversité des actions de participation pour que les consultations génèrent une diversité de contribution citoyenne, et donc une diversité de perspectives. C’est utile pour avoir plusieurs points de vue sur l’adhésion d’une population envers un projet. Avons-nous une représentativité de la participation ? Avons-nous considéré les populations les plus impactées ? Avons-nous une perspective individuelle (sondage) ET une perspective collective (groupes de discussion) ?
  • Considérer réellement et sincèrement les points de vue minoritaires et encourager l’évolution des projets pour les intégrer concrètement. C’est une autre façon de dire de chercher les scénarios gagnant-gagnant-gagnant, autant pour le promoteur, pour la municipalité ou la MRC que pour sa population, même ceux qui s’opposent.
En conclusion...

En conclusion...

Je terminerai avec deux dernières conditions essentielles : le temps et l’accompagnement.

Si le temps de faire des démarches adaptées, avec de l’information vulgarisée et bien communiquée, contribue à favoriser l’acceptabilité sociale, l’accompagnement tout au long de ces démarches est tout aussi important. 

Cela sous-entend de se donner les moyens et la capacité au sein de nos municipalités. Et donc la capacité à développer des professionnel.le.s en participation bien outillé.e.s et soutenu.e.s. Et pourtant, je sais, l’embauche de ce type de professionnel.le.s est difficile avec les moyens des MRC et des municipalités.  C’est le nerfs de la guerre pour travailler l’acceptabilité sociale.

 

Crédit photo : Fédération québécoise des municipalités – Amélie Caron, photographe